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Textes littéraires #2
le 12 octobre 2021
Les textes littéraires présents à la Cour des Trois Coquins et "Empreintes" ont été glanés par le collectif « Dire », un groupe d’étudiantes et d’étudiants du Master Lettres et Création littéraire et des jeunes chercheuses en littérature de l’Université Clermont Auvergne. Ils parlent d’exil en plusieurs langues et donnent voix au monde.
Texte N°4
¿Volver? Vuelva el que tenga,
Tras largos años, tras un largo viaje,
Cansancio del camino y la codicia
De su tierra, su casa, sus amigos,
Del amor que al regreso fiel le espere.
Mas, ¿tú? ¿Volver? Regresar no piensas,
Sino seguir libre adelante,
Disponible por siempre, mozo o viejo,
Sin hijo que te busque, como a Ulises,
Sin Ítaca que aguarde y sin Penélope.
Sigue, sigue adelante y no regreses,
Fiel hasta el fin del camino y tu vida,
No eches de menos un destino más fácil,
Tus pies sobre la tierra antes no hollada,
Tus ojos frente a lo antes nunca visto.
Traduction
Revenir ? Que revienne celui qui
Après de longues années, après un long voyage,
Est fatigué de la route et désire revoir
Son pays, sa maison, ses amis,
L’amour qui fidèlement attend qu’il revienne.
Mais, toi, Revenir ? Tu ne penses pas revenir
Mais poursuivre en liberté,
Toujours disponible, jeune ou vieux,
Sans enfant qui te cherche, comme Ulysse,
Sans Ithaque qui t’attend et sans Pénélope.
Continue, continue encore et ne reviens pas,
Fidèle jusqu’à la fin du chemin et de la vie,
Ne regrette pas un destin plus facile,
Tes pieds sur la terre qui n’a pas été encore foulée,
Tes yeux face à ce qui n’a jamais été vu auparavant.
(Luis Cernuda, poète espagnol, « Peregrino » [Pèlerin], Desolación de la quimera [Désolation de la chimère], 1962)
Texte N°5
Cuando tanto se sufre sin sueño y por la sangre
se escucha que transita solamente la rabia,
que en los tuétanos tiembla despabilado el odio
y en las médulas arde continua la venganza,
las palabras entonces no sirven: son palabras.
Balas. Balas.
Manifiestos, artículos, comentarios, discursos,
humaredas perdidas, neblinas estampadas.
¡qué dolor de papeles que ha de barrer el viento,
qué tristeza de tinta que ha de borrar el agua!
Balas. Balas.
Ahora sufro lo pobre, lo mezquino, lo triste,
lo desgraciado y muerto que tiene una garganta
cuando desde el abismo de su idioma quisiera
gritar lo que no puede por imposible, y calla.
Balas. Balas.
Siento esta noche heridas de muerte las palabras.
Traduction
À tant souffrir sans sommeil et par le sang
à n’entendre transiter que la rage,
se réveiller la haine, au creux des os tremblant
et brûler sans arrêt la vengeance dans la moelle,
les paroles ne servent plus : ce ne sont que des mots.
Des balles, des balles.
Manifestes, articles, commentaires, discours,
fumées perdues, brouillards imprimés,
douleurs de papier que le vent balaiera !
tristesses d'encre que les eaux emporteront !
Des balles, des balles
Maintenant je souffre ce qui, pauvre, mesquin, triste
malheureux et mort est là au fond d'une gorge
quand depuis l'abîme de sa langue, elle voudrait
crier contre l'impossible mais ne peut, et se tait.
Des balles, des balles.
Cette nuit je sens que les mots sont blessés à mort.
(Rafael Alberti Merello, poète et dramaturge espagnol, « Nocturno » [Nocturne], De un momento a otro [D’un moment à un autre], 1937)
Texte N°6
Minha terra tem palmeiras,
Onde canta o sabiá;
As aves que aqui gorjeiam,
Não gorjeiam como lá.
Nosso céu tem mais estrelas,
Nossas várzeas têm mais mais flores,
Nossos bosques têm mais vida,
Nossa vida mais amores.
Em cismar, sozinho à noite,
Mais prazer encontro eu lá;
Minha terra tem palmeiras,
Onde canta o sabiá.
Minha terra tem primores,
Que tais não encontro eu cá;
Em cismar – sozinho, à noite –
Mais prazer encontro eu lá;
Minha terra tem palmeiras
Onde canta o sabiá.
Não prmita Deus que eu morra,
Sem que eu volte para lá;
Sem que desfrute os primores
Que não encontro por cá;
Sem qu’inda aviste as palmeiras,
Onde canta o sabiá.
Traduction
Il est des palmiers en mon pays
Où chante le sabiá ;
Les oiseaux ne chantent pas ici
Comme ils chantent chez moi.
Notre ciel a plus d’étoiles
Plus de fleurs ont nos vals
Nos bois ont plus de vie
Notre vie plus d’amour aussi.
En y songeant, seul, la nuit,
J’ai plus d’aise chez moi ;
Il est des palmiers en mon pays
Où chante le sabiá.
Il est des charmes en mon pays
Comme je n’en trouve pas ici ;
En y songeant – seul, la nuit –
J’ai plus d’aise chez moi ;
Il est des palmiers en mon pays,
Où chante le sabiá.
À Dieu ne plaise que je meure
Sans être retourné là-bas ;
Sans avoir retrouvé les douceurs
Qu’ici je ne trouve pas ;
Sans avoir revu mes palmiers
Où chante le sabiá.
(António Gonçalves Dias, auteur brésilien, « Canção do exílio » [Chanson de l’exil], Coimbra, julho 1843)