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Textes littéraires #4
le 18 octobre 2021
Les textes littéraires [présents dans les escales "Ancrage" à la Cour des Trois Coquins et "Empreintes" à la Faculté des Lettres à Gergovia] ont été glanés par le collectif « Dire », un groupe d’étudiantes et d’étudiants du Master Lettres et Création littéraire et des jeunes chercheuses en littérature de l’Université Clermont Auvergne. Ils parlent d’exil en plusieurs langues et donnent voix au monde.
La mondialité, c’est tout l’humain envahi par la divination de sa diversité, reliée en étendue et profondeur à travers la planète. […] L’intuition d’un monde que nous habitons et qui nous habite.
Un monde dont plus rien ni quiconque n’est le centre ni la périphérie, ni le maître ni l’esclave, ni le colon ni le colonisé, ni l’élu ni l’indigne, où seul règne l’incertain dans lequel nous tombons, et solitaires et solidaires, également désarmés, en sensible extension et jouvence poétique.
La mondialité, c’est surtout ce que la mondialisation économique n’a pas envisagé, qui surgit et se produit sur la gamme d’un brasillement dans un vrac ténébreux. C’est l’inattendu humain – poétiquement humain – qui leur résiste, les outrepasse, et qui refuse de déserter le monde !
Dès lors, la mondialité, c’est cette part de notre imaginaire qui dans l’instinct dénoue et ouvre à fond, qui dans l’instinct se relie à d’autres imaginaires, qui rallie qui relaie et relate les sensibilités, la joie, la danse, la musique, l’amitié, la rencontre, et qui surgit des magnétismes de ces rencontres multi‑trans‑culturelles, orchestrées par le hasard, les accidents, la chance et les errances.
Cette indéfinissable mise en relation avec le tout‑vivant du monde nous émeut, nous affecte […]. Nous offre d’éprouver de plus humaines intensités.
(Patrick Chamoiseau, Frères migrants, Seuil, 2017, p. 52, 53, 54, 55)
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Le difficile est de rester très humble, le plus décent, le plus soucieux de l’Autre, le plus humain possible.
(Patrick Chamoiseau, Frères migrants, Seuil, 2017, p. 71)
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Ce que nous avons à plaindre en eux, c’est notre propre misère avec laquelle nous avons tenté de nier leur existence, de tolérer leur mort.
(Patrick Chamoiseau, Frères migrants, Seuil, 2017, p. 117‑118)
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Les poètes déclarent qu’aller-venir et dévirer de par les rives du monde sont un Droit poétique, c’est‑à‑dire : une décence qui s’élève de tous les Droits connus visant à protéger le plus précieux de nos humanités ; qu’aller‑venir et dévirer sont un hommage offert à ceux vers qui l’on va, à ceux chez qui l’on passe, et que c’est une célébration de l’histoire humaine que d’honorer la terre entière de ses élans et de ses rêves. Chacun peut décider de vivre cette célébration. Chacun peut se voir un jour acculé à la vivre ou bien à la revivre. Et chacun, dans sa force d’agir, sa puissance d’exister, se doit d’en prendre le plus grand soin.
(Patrick Chamoiseau, « Déclaration des poètes », Frères migrants, Seuil, 2017, p. 132‑133 et Osons la fraternité ! Les écrivains aux côtés des migrants, Éditions Philippe Rey, 2018, p. 304)
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